Quand un séjour dans un pays se termine, celui d’un autre commence. Entre les deux, il y a une frontière. Comme la majorité des backpackers, nous avons traversé quasi toutes les frontières par voie terrestre, ce qui réserve, parfois, des surprises…
Lier l’utile à l’agréable
Les passages de frontière, on en a connus… Il y en avait des simples, comme celui entre le Guatemala et El Salvador, où un policier a regardé nos passeports à travers la vitre du bus et nous a fait passer en moins de cinq minutes grâce au visa commun de quatre pays frontaliers centroamericains.
Et il y en avait quelques uns un peu plus fastidieux, comme en allant du Honduras au Nicaragua, quand nous avons attendu 3 heures à un poste de frontière tombé en panne éléctrique entre 23 heures et 2 heures du matin pour que les agents puissent vérifier l’identité d’un voyageur mexicain qui était à bord de notre bus.
Puis, il y avait celui-ci. Entre la Bolivie et le Chili. Le plus beau passage de frontière que nous avons eu la chance de faire. 3 jours et plus de 700 km de conduite d’un désert à un autre et un poste frontalier à 4000m d’altitude. Pas mal !

Première étape – c’est un peu glauque
Avant d’arriver à la frontière, nous avons passé deux jours dans le Salar d’Uyuni. Cet immense désert de sel se trouve là, où des milliers et milliers d’années existait un lac préhistorique. En janvier et février, quand la pluie tombe abondemment, le désert est couvert d’une énorme flaque d’eau. Il devient alors impossible à traverser, mais offre des panoramas incroyables. Les reflets sur la surface très plane effacent tout répère entre terre et ciel, il parait qu’on a l’impression de voler dans les nuages…
Pour nous, pas un nuage de pluie dans un ciel bleu éclatant quand on part avec notre petit groupe depuis Uyuni. Un couple de vétérinaires brésiliens, deux indépendantistes catalans, Juan Carlos, le chauffeur bolivien, et nous. Un drôle de mélange qui met toute une journée à prendre…
Depuis Uyuni, tous les groupes suivent le même itinéraire en passant par le cimetière de trains, l’hôtel de sel, l’Isla del Pescado, plusieurs lagons, les geysers de souffre, … Evidemment, pas d’exceptions pour nous, donc première étape : le « cimetière de trains »: un champs avec des trains abandonnés, rouillés avec les années. On peut grimper dessus, explorer les intérieurs, profiter de la vue d’en haut d’un wagon, c’est une aire de jeux pour adultes.




« Et si tu marchais sur la lame du couteau ? »
Les rue poussiéreuses d’Uyuni laissent imaginer un peu la sécheresse qui nous attend quand on part vers les déserts. Une fois arrivé, c’est époustouflant. Autour de nous, que du blanc. L’horizon sépare le blanc du bleu, le sel du ciel.
On se laisse tenter par la tradition des photos créatives prises dans le désert. Nous n’avons pas acheté de Godzilla en plastique, ni autres accessoires, du coup on fait avec ce qu’on a : un couteau et une peluche lama qui appartient aux brésiliens. Le résultat est mignon, mais nous avons vu des créations plus drôles.





Une île, là où il n y a pas d’eau
On reprend la « route » à travers le desert pour quelques dizaines de kilomètres. Ou des centaines ? On ne sait plus trop. Pas de route, pas de panneaux, pas de répères, on pert toute notion de distance.
Nous arrivons à la fameuse Isla del Pescado qui tient son nom de la forme que le reflet donnerait par temps de pluie. Mmmh, difficile à dire. Nous retiendrons plutôt le nom Isla Incahuasi, maison de l’Inca. On y trouve une quantité infinie de cactus géants. Certains sont au point de fleurir, c’est assez pittoresque. Mais le contraste de cette végétation avec le blanc, qui entoure l’île comme un mer, et le ciel bleu est génial.






« Tu as goûté si c’est vraiment du sel ? »
Il faudrait mentir pour dire qu’au coucher de soleil le Salar d’Uyuni n’est pas au moins aussi beau que de jour. Les couleurs changent d’une minute à l’autre et dès que le soleil disparaît derrière la chaîne de montagne, il fait froid. Le vent se lève, on met toutes les couches que nous avons avec nous. En plein milieu de ce blanc interminable, nous nous croyons marcher sur de la neige.



Ambiance far west dès le matin
Ce matin, on quitte le Salar et on entre dans le désert pur. On passe devant des voies de train et on s’arrête pour attendre le train que nous voyons au loin. C’est une image tout droit sorti d’un Western : une seule voie, le désert, le train arrive. Classique !
Mais il y’en a un qui ne pourra pas pleinement profiter du moment… En 10 mois de voyage, une petite tradition s’est installée chez nous. Ou plutôt chez les autres. Quasi quotidiennement d’autres personnes demandent à Matthieu (toujours Matthieu) de prendre des photos. Ce sont généralement des bimbos ou des grandes familles sudaméricaines qui adorent poser pour leurs photos. Aucun problème, il fait ça avec plaisir. Mais cette fois, c’était plutôt drôle. Un señor brésilien approche Matthieu environ 10 secondes avant le passage du train et se positionne à environ 20 30 centimètres du train en mouvement. C’est parti pour une séance de shooting qui durera tout le passage du train. C’était un train long…




Du bleu et blanc aux couleurs arc en ciel
La journée se poursuit avec des points de vues, les uns plus spectaculaires que les autres. Nous passons de lagon en lagon. Chaque panorama est unique.
Les montagnes se reflètent dans l’eau en partie plane. Les flamands roses marchent gracieusement dans une marre de boue à la recherche de nourriture. On se demande comment ils le font sans se salir leurs belles plumes roses.







Certains lagons sont bleus, d’autres turquoises. Mais le plus impressionant, ce le rouge. Il porte le nom de Laguna Colorada. Notre 4×4 est quasi le seul au Laguna Colorada, nous pouvons profiter du calme absolu, de la vue splendide, des couleurs vives, de l’abondance de flamands roses au milieu du lac.



On parcourt kilomètre après kilomètre, le paysage change subtilement mais constamment. Dans cette région, la nature semble jouer aux artistes. Nous passons devant des formations rocheuses, de véritables œuvres sculptées par la pure force du vent.



« Il ne prend pas de petit déjeuner Juan Carlos ? »
La dernière nuit est courte, mais pas inconfortable. Nous sommes seuls dans le simple hostal de l’unique village sur la route. On échappe aux dortoirs, chaque couple du groupe peut avoir sa propre chambre.
On devrait partir à 5 heures, notre départ est retardé de près d’une heure. Juan Carlos ne se réveille pas jusqu’à ce qu’on tape à sa porte. Pas grave, on rattrapera du temps sur la route :
Le stop aux impressionnants geysers de souffre sera rapide. Il fait -10°C au lever du soleil et l’odeur de souffre nous pousse à vite remonter dans la voiture.
Ensuite, comme personne du groupe n’a envie de prendre un bain dans les sources chaudes à 6h30 du matin avec des températures proche de 0°C, nous avancons vite sur le reste du chemin.
On arrive à la frontière à l’heure, notre transport vers le côté chilien est déjà prêt. A ce poste de frontière en plein désert, à 4000m, notre séjour en Bolivie se termine avec le bruit du tampon de sortie.





